C2

Karl MARX,
Critique de la philosophie du droit de HEGEL,
1927, publication posthume (p.380)

[Introduction]

        Ce texte de Karl MARX, extrait de la Critique de la philosophie du droit de HEGEL, publié à titre posthume en 1927, se questionne sur l’apport de la religion aux Hommes.
        En effet, le philosophe affirme que la religion est l’invention d’un monde chimérique par des Hommes en vue de dominer d’autres Hommes, les privant de leur libre arbitre. Ainsi de la ligne 1 à 17, auteur développe une critique de la religion comme la proposition d’un monde illusoire qui ne permet pas la réalisation de l’essence humaine. Dans un second temps (de l.18 à l.25), l’auteur montre ce que pourrait devenir l’Homme sans la religion.
         La thèse s’oppose à l’idée d’une religion comme un rempart ou une solution à la misère de l’Homme voué à mourir.



[Première Partie]

        Dans cette première partie, Karl MARX donne les raisons pour lesquelles une critique de la religion se révèle inévitable. En effet, la religion est le résultat d’une construction humaine au fil de l’histoire. Ainsi, « Est-ce l’Homme qui fait la religion » au sens où les commandements, les interdits, les coutumes, les rites sont des constructions instituées par des groupes cherchant à dominer d’autres Hommes. Cette perte ou cette absence de liberté sont signifié par « ne s’est pas encore conquis » (l.3) et « de nouveau perdu » (l.4). Cependant, cette religion n’est née de nulle part, elle est le produit d’une société, proposant un autre monde en consolation du monde présent. De plus, la religion fait que chaque parole, chaque action, chaque choix trouvent un éco dans le monde d’après la mort. Ainsi, « le monde terrestre est-il dépendant du monde céleste », ce que Karl MARX nomme un « monde renversé » (l.7)
        L’auteur souligne que la religion est un ensemble organisé d’idées, de rites, de commandements qui structurent le monde, c’est-à-dire l’existence du croyant. Elle retire au corps son importance pour valoriser l’esprit qui constitue alors une réalité indépendante et supérieur. Elle présente donc un système simplifié pour les croyants fait du moral et de cérémonie dont l’objectif est de consoler l’individu de sa condition sociale et de sa condition de mortelle, tout en justifiant sa domination par d’autre. C’est parce que « les sens humains » c’est-à-dire la nature de l’Homme soit sa liberté ne se réalise jamais. En effet, la religion détermine les actions humaines ainsi que son futur céleste. La religion propose donc d’embellir l’existence actuelle par l’espoir d’une vie après la mort. Or ce que défend Karl MARX c’est que l’Homme se lutte pour son existence présente.
        Néanmoins, la force de la religion est de prendre en compte « la misère réelle » de l’individu et de proposer une réponse à celle-ci. La religion proteste contre cette misère sociale de l’Homme faisant appel à la charité, à l’hospitalité. Les expressions « créature accablée » (l.15) et « monde sans coeur » (l.14) renvoient à la constation de cet état de chose. Mais, elle demeure l’« opium du peuple » c’est-à-dire qu’elle ne permet pas à l’individu de sortir de sa condition de dominé puisque la situation sociale dans laquelle il est et voulue par Dieu. D’autre part, elle enferme l’Homme dans l’ignorance ainsi que l’espoir d’une vie après la mort, tout en lui dictant comment il doit agir et penser.



[ Deuxième Partie]

        Dans cette deuxième partie, Karl MARX montre ce que serait l’Homme sans la religion. Il oppose alors le « bonheur illusoire » (l.18) proposé par la religion au « bonheur réel » (l.18) qui appartiendrait au monde terrestre. Le terme d’« illusion » (l.19 et l.20) renvoie à l’idée que l’on se fait de quelque chose, le plus souvent embellie. « Ainsi, la religion en proposant une vie après la mort, sans souffrance, offre-t-elle la possibilité d’un monde meilleur où règne la justice et la bonté ». Cependant, par cette proposition, elle maintient les Hommes dans un état d’illusion qui n’est pas sans évoquer le mythe de la caverne de PLATON. En effet, l’obscurité dans laquelle sont maintenus les prisonniers, dans la caverne, renvoie à l’état d’illusion de celui qui croit à une vie après la mort. De même, le monde de extérieur de la caverne représente la réalité du monde terrestre. C’est pourquoi l’expression « la vallée de larmes » (l.20-21) signifie la vie terrestre avec ses souffrances, par opposition au bonheur de la vie future offert par la religion.
        Pour cette raison, critiquer la religion, c’est obliger l’individu à tenir compte de la réalité et à se saisir de son destin. La religion est alors comparée à une chaîne (l.22-23) qui non seulement maintient l’individu dans sa condition sociale terrestre, mais également le prive de sa liberté, en lui retirant tout liberté d’action et de pensée. Elle lui promet un monde de « rêve »(l.23) et de « consolation » (l.23) ce qui auteur appelle également des « fleurs imaginaires » (l.23) en opposition avec la « fleur vivante » qui symbolise la réalité dont les conditions sont à construire. Ce que reproche le philosophe à la religion c’est de priver l’Homme de sa capacité d’initiative et d’action sur le monde, l’empêchant ainsi de lutter contre ses conditions sociales terrestres présentes. Ainsi, le contraste entre deux mondes est-il marqué par les expressions « véritable soleil » (l.26-27) en ce qui concerne le monde réel à bâtir et le « soleil illusoire » (l.27) pour signifier cette vie future après la mort. Karl MARX engage donc l’Homme à se prendre en main, à décider pour lui-même et à penser par lui-même.



[Conclusion]

        Ce texte aborde donc la problématique de l’impact de la religion sur l’Homme ainsi que ses conséquences.
        Karl MARX propose ici une critique de la religion dans la mesure où elle offre un monde « chimérique » qui l’empêche de saisir sa propre existence. En effet, dans un premier temps l’auteur montre comment la religion élabore un monde imaginaire consolant l’individu de sa misère sociale et de ses souffrances. Dans un second temps, il lui reproche de ne pas permettre à l’Homme de devenir libre et indépendant en forgeant une réalité trompeuse qu’il s’agit alors de détruire, il doit se confronter à la réalité terrestre dont il peut changer le cours.


Methodo d'explication de texte